lacets verts sur doc noirs
changer la van de bord de rue encore 6h du matin elle me rappelle qu’elle n’est pas à sa place ici qu’elle appartient aux espaces hors de la ville sa grosse carcasse qui roule vers un petit trou pour recevoir son immobilité elle demande mieux je le sais bien mais je suis emprise de la routine boulot dodo vélo le dernier me console un peu je sillonne les rues un coup de pédale après l’autre me rend utile à l’inutilité sert la drogue matinale à tous les coffee addict de berri-uqam un petit cœur pis une tulipe pour leur réconfort de venir payer 8$ chaque matin pour bien commencer la journée d’étude je sers le capital pour me payer le luxe de partir visiter le québec un week-end par mois en m’achetant à crédit le privilège d’une liberté en nature stager rouler une deux trois sept heures pour trouver le spot la vue le coin de paix où m’installer pour écrire pour méditer pour lire écouter les mêmes chansons en boucle chanter à tue-tête arriver au soir être épuisée mais sereine puis la nuit arrive avec l’obscurité et ces petits bruits inquiétants me sentir toute seule et bien petite dans ma grande carcasse de métaux ferreux finir de souper enfiler un coton ouaté barrer les portes sortir un roman sentir la fatigue qui se pointe le bout du nez fermer ma lampe frontale m’emmitoufler dans ma couverture verte dormir dans ma van toute seule et être bien mais avoir la peur au ventre un petit point qui dérange qui fait dormir à demi-sommeil avoir mal au ventre de savoir que la porte arrière ne se barre plus que n’importe qui peut entrer pendant mon sommeil me trouver endormie sans défense au milieu de nulle part savoir que c’est un peu ridicule d’avoir des peurs comme ça mais se souvenir que le monde est fou que c’est normal d’avoir peur quand c’est ce que tu as appris depuis toujours à faire attention à ne pas trop partir à l’aventure on sait pas sur quoi on peut tomber et puis les mouvements masculinistes sont en montée inquiétante et il n’y a pas de réseau et c’est quoi l’idée de se balader seule dans une grosse van colorée aussi ça attire l’œil pourquoi tu ne fais pas attention tu le sais pourtant qu’il ne faut se rendre dans des endroits isolés et noirs pourquoi tu y es allé là-bas à quoi tu as pensé pourquoi tu voyages en fait pourquoi tu sors dehors pourquoi tu existes dans l’espace public alors que tu as pas de fucking pénis pour te battre à l’épée contre ton voisin ton ami ton amant ton frère l’ours le prédateur le loup y est pas je te berce tu es en sécurité endors-toi paisiblement tu te répètes je suis en sécurité il ne te mangera pas ce soir endors-toi et rêve de grandes aventures volant entre les mains musique dans les oreilles demain est un autre jour plein de doux doux doux.